La question parait aussi farfelue que la même relative aux parents. Mais qu’on ose se l’avouer ou non, on a tous un avis sur la question.
Schématiquement, les parents éduquent, les grands-parents câlinent. Image d’Epinal.
Je vois à l’école de Fiston un petit garçon étrange. Il est agressif, méchant, peu sociable ; et il a l’air assez mal dans sa peau (horrible constat pour un enfant de 4 ans). Et ce garçon est élevé par ses grands-parents. En tout cas, ce sont eux qui l’amènent à l’école, le récupèrent midi et soir ; et même eux qui viennent aux réunions parents-prof. Et oui, si vous vous posez la question, il a des parents, j’ai vu la mère… 2 fois, en 1 an 1/2 d’école.
Les grands-parents restent dans leur rôle : ils jouent avec lui, sont aimants. Et plus que permissifs. Cet enfant est la terreur de l’école, de sa maîtresse Peut’on reprocher aux grands-parents d’être trop « coulants » ? De ne pas prendre la place des parents vraisemblablement absents (qu’elle qu’en soit la raison, il est hors de propos de porter un jugement non étayé sur leur situation)?
Mais est-ce leur rôle ? Non, assurément…
Je m’égare, une façon de repousser le fait que je compte parler de moi…
Mes beaux-parents ont une conception bien tranchée de leur rôle. Et finalement j’aime bien ça.
Ma belle-mère couvre ses petits enfants de joujoux, les câline, leur accorde du temps et leur fait de bons petits plats. Mais elle a ses règles : chez grand-ma, on fait ci, mais on fait pas ça. Quelles que soient les règles à la maison, chez elle c’est elle qui décide. Un peu abrupt au début, mais finalement, je trouve que c’est une bonne méthode, et ça convient à Fiston, ça lui apprend le respect des règles en toutes circonstances.
Parfois, ma belle-mère dépasse les bornes en me donnant des conseils/ordres, surtout lorsqu’elle ramène Fiston qui a passé quelques jours chez elle. J’ai appris à la regarder en souriant avec un air « cause toujours ». Je m’étonne de ma patience 
Mon beau-père est dans le même type de rôle. Bienveillant la plupart du temps, mais plus que ferme parfois. Et quand Papy fait les gros yeux, Fiston ne demande pas son reste. Bon, Papy ne se gène pas pour gronder sous mon toit, mais bizarrement, là encore, ça ne me dérange pas.
Quand on parle de mes parents, là, tout se corse. J’ai des rapports particuliers avec eux. Depuis que je suis adolescente, je suis la maman de mes parents. Je les considère comme des irresponsables, m’ayant obligé à vieillir et à prendre trop de responsabilités prématurément. Constat très sévère, je sais….
Je pensais, comme Oceanelys, qu’une fois maman, je comprendrais leur démarche, que je leur pardonnerai leurs « erreurs » puisque rien n’est facile. Mais non, c’est pire. Je leur en veux de s’être mis dans des situations pareilles en ayant des enfants. Et d’voir fait reposer tant de responsabilités sur mes maigres épaules. Je sais qu’ils ne l’ont pas fait sciemment, mais ils n’ont toujours pas tiré de conclusion de ces erreurs, et ça me rend folle tant d’irresponsabilité !
Evidemment, avec Fiston, c’est une catastrophe, de mon point de vue. Ils ne comprennent pas en quoi un chien peut être dangereux pour un bébé (même quand le chien manifeste bruyamment sa jalousie en grognant et montrant les crocs dès que Fiston d’approche). Ma mère est du genre à offrir en douce un cadeau à Fiston quand il vient de se faire gronder par moi ou Mari.
Donc, il est hors de question que je confie mon fils ne serait-ce qu’une journée à mes parents. C’est tout de même bizarre tant de méfiance. Après tout, ils nous ont élevés, moi et mon frère, et on est en bonne santé, on a jamais eu de graves séquelles (physiques). Mais non, impossible pour moi de leur laisser la chair de ma chair.
Est-ce vraiment un manque de confiance ? Ou est-ce que je leur fais payer ce qu’ils m’ont fait subir en les privant de ce bonheur simple d’être grands-parents ?
Etre grands-parents, c’est prendre ce rôle, ou attendre d’y être autorisé (voire contraint) par les parents ?
Texte proposé par Hélène
